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Les limites de la politique pro-russe de François Fillon

L’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy est favorable à un rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine sur les questions de l’Ukraine, de la Syrie ou de la Crimée. Des universitaires soulignent les inconvénients d’une telle politique pour la France et l’Europe.

Publié le 23 novembre 2016 à 16h48, modifié le 23 novembre 2016 à 17h49 Temps de Lecture 3 min.

Pour le politologue Cyrille Bret, la russophilie de François Fillon – « farouchement gaullien » – « lui confère l’image d’un homme fort, par contagion d’images entre lui et Vladimir Poutine ». Ici les deux hommes en mars 2013 à Moscou.

A la différence d’Alain Juppé, François Fillon est favorable à un rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine, qu’il a connu du temps où tous deux étaient premiers ministres et qu’il a rencontré depuis à de nombreuses reprises. Dans le programme du candidat à la primaire de la droite, la levée des sanctions économiques du pays consécutives à l’annexion de la Crimée et la coopération sur la question syrienne.

L’historienne Françoise Thom proteste contre la complaisance de François Fillon : « Nos souverainistes, si sourcilleux de notre indépendance quand il s’agit des Etats-Unis, s’alignent sans états d’âme sur les positions du Kremlin, même les plus scandaleuses, comme on l’a vu à droite et à gauche au moment de la guerre hybride contre l’Ukraine », écrit-elle. Pour elle, « la patiente stratégie de prise de contrôle des élites et des opinions étrangères par le Kremlin lancée depuis l’arrivée aux commandes en 2000 de l’équipe du KGB autour de Poutine commence à porter ses fruits ».

Pour le politologue Cyrille Bret, la russophilie de François Fillon – « farouchement gaullien » « lui confère l’image d’un homme fort, par contagion d’images entre lui et Vladimir Poutine ». Elle « opère une habile synthèse entre plusieurs courants bonapartistes, catholiques et conservateurs français ». Mais le revirement diplomatique annoncé risque de se heurter au principe de réalité : « L’atlantisme qui tient lieu de politique de défense européenne », « la solidarité européenne », la question de l’annexion de la Crimée…

Philippe de Lara, maître de conférences en sciences politiques à l’université Panthéon-Assas, critique la stratégie de François Fillon, « forme distinguée de celle, vulgaire et sans scrupule, de Donald Trump : rassembler sur sa personne une majorité de mécontent indépendamment de son programme » ; mais faite toute de dissimulation : « Les déclarations d’amitié et d’admiration pour Vladimir Poutine, le discours paléo-chevènementiste sur l’alliance naturelle avec la Russie contre les méchants Américains et les égoïstes Allemands, l’appel à la levée des sanctions contre la Russie, la reconnaissance de l’annexion de la Crimée, l’alignement sur la Russie en Syrie, tout cela est distillé avec discrétion », explique-t-il.

S’il évoque, comme Cyrille Bret, la menace de rupture avec l’Alliance atlantique du programme Fillon, c’est pour mieux agiter le spectre d’une vassalisation à laquelle conduirait le tropisme pro-Poutine commun à une bonne partie de la droite.

A lire sur le sujet :

« La France est travaillée en profondeur par la propagande du Kremlin depuis des années », par Françoise Thom (historienne, maître de conférences à l’université Paris-Sorbonne). La vassalisation de l’Europe est en cours, d’après la spécialiste de la Russie. Une entreprise menée de longue date depuis Moscou et qui commence à porter ses fruits scrutins après scrutins.

« François Fillon synthétise plusieurs traditions diplomatiques de la droite française », par Cyrille Bret (maître de conférences à Science Po). Pour le politiste, les positions du candidat de la primaire de la droite vis-à-vis des chrétiens d’Orient et de la Russie s’inscrivent dans une ligne qui n’est iconoclaste qu’en apparence.

« La droite est travaillée par un tropisme pro-Poutine », par Philippe de Lara (maître de conférences en sciences politiques, université Panthéon-Assas). La discrétion et les rétropédalages de François Fillon sur le soutien à la Russie ne doivent pas masquer que sa politique cache une véritable rupture avec celle de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique, selon le politologue.

A lire aussi :

Poutine et Fillon, une amitié géopolitique, par Benoît Vitkine. Le député de Paris, proche du président russe, demande la levée des sanctions européennes contre Moscou.

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A Moscou, le succès de François Fillon à la primaire salué comme un « événement sensationnel », par Isabelle Mandraud (Moscou, correspondante). L’ancien premier ministre français a toujours prôné une position conciliante envers la Russie de Vladimir Poutine, en particulier sur les sujets conflictuels comme l’Ukraine et la Syrie.

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